La famille, un lien essentiel avec l'exterieur
Le lien avec la famille est l’un des rares droits qui fait le lien entre les prisonniers et l’extérieur. Le prisonnier garde le contact avec sa famille à travers deux modes de communication qui sont la visite et la correspondance.
I - La famille : un lien important avec l’extérieur.
Tous les détenus ont, en principe, droit à la visite de leur famille. Elle a lieu une à deux fois par semaine selon le règlement intérieur de la prison.
Le détenu autorisé à recevoir la visite de sa famille le fait au "parloir" où évoluent un ou plusieurs gardiens selon le nombre des visites effectuées simultanément. Le rôle de ces agents consiste à écouter la conversation des détenus avec leur famille. La visite au parloir dure entre 5 et 15 minutes, suivant le nombre des visiteurs, l'heure et le jour et parfois l'humeur du gardien préposé au parloir.
La famille profite de la visite pour apporter au prisonnier des vivres ou des objets dont il a manifesté le besoin. Le "panier" fait l'objet d'une fouille minutieuse avant que son contenu ne soit remis au destinataire.
En revanche, les enfants en bas âge ne sont pas admis au parloir. L’administration juge préférable de leur éviter des scènes traumatisantes de déchirement, ceux-ci ne réalisant pas les raisons de l'ordre carcéral. Les amis des détenus sont rarement admis. Les compagnes ou concubines sont interdites de visite.
La correspondance est un droit des détenus qui leur permet de garder un lien avec l’extérieur.
La correspondance des détenus est soumise à la censure au départ et à l'arrivée. La censure du courrier entraîne des délais d'acheminement qui peuvent être très longs. Une exception est faite pour les lettres expédiées aux autorités administratives et judiciaires ou destinées à l'avocat.
Cependant la correspondance reste très limitée. En effet, les détenus ont le droit d’écrire au maximum une seule lettre de quatre pages de 15 lignes par jour.
II - Malgré la famille, garder un lien avec l’extérieur est parfois difficile.
Les visites de la famille restent un très faible lien avec l’extérieur.
Il est interdit aux visiteurs d'entretenir le détenu d'évènements sociaux ou politiques. Ils ne doivent pas non plus lui rapporter des évènements le concernant lui-même et qui seraient de nature à le troubler, le contrarier ou lui causer du chagrin, ceux qui outrepassent à l'interdiction se verront mettre fin à leur visite et interdits d'accès à l'avenir. Le détenu ne peut donc pas savoir ce qui se passe dehors.
Même la correspondance ne permet pas vraiment une véritable relation avec l’extérieur . La censure consiste à lire systématiquement la correspondance des détenus. L'agent préposé à la lecture du courrier apprécie si la lettre doit être acheminée vers sa destination ou être classée au dossier pénal. Si elle contient des menaces ou des propos graves elle sera soumise à l'appréciation du Directeur ou du surveillant-chef qui décide soit de son classement sans suite, soit de sa communication à l'autorité compétente pour d'éventuelles poursuites judiciaires. Le préposé à la censure peut décider de classer une lettre dont il estime que le contenu peut être interprété autrement ou qu'il constitue un code secret.
En conclusion, ce lien avec l’extérieur est essentiel et permet de conserver l’état de « socialisation ». De ce fait, il permet au prisonnier d’avoir une vie et une vision qui ne s’arrête pas aux murs de la prison. Ce retour à la vie quotidienne, qui peut être partagé par ses proches peuvent lui permettre de s’imaginer une vie future, dans le monde, hors de ces murs.
Source :Jean-Claude Cugnet. La prison, au-delà des murs. In : Maintenir des liens avec l’extérieur. [En ligne]. 2005 [consulté le 04/04/2009]. Disponible sur :http://www.editionsquartmonde.org/rqm/document.php?id=927&format=print